La forêt. C'était un endroit que j'affectionnais particulièrement, et pas parce que c'était mon principal lieu de chasse, mais tout simplement par ce que là, j'étais coupée du monde. Enfin je l'était déjà en réalité, mais cette coupure était encore plus prononcée dans les bois. Personne ne s'aventurait là, sauf les autres monstres de mon espèce. J'espérais toutefois ne pas en croiser un, j'étais lasse de prétendre aller bien alors que ce n'était pas le cas, et autant il est facile de faire croire ce que je veux à un humain, autant il faut redoubler de prudence avec les vampires. Mais qu'importe. Garder mes émotions cachées était la meilleure chose que je puisse faire, personne ne savait ce que je ressentais réellement, tout comme personne ne savait ma véritable histoire. Personne ne sait non plus que, après la mort de mes parents, j'ai tenté de me suicider, bien que l'essai ne se soit pas porté fructueux. Bref, je gardais tout en moi et j'étais devenue une menteuse exemplaire. Je pouvais regarder les gens dans les yeux et leur certifier que j'allais parfaitement bien, même si je n'allais pas bien le moins du monde. Mais généralement, je n'ai même pas à mentir : mon visage semble si impassible et dénué de toute émotions que les gens me fuient, et ils ont bien raison, car de toute manière, je suis quasiment certaine que je n'arriverais pas à me contrôler.
Bref, aujourd'hui, j'avais besoin de calme, d'être loin de tous, et de laisser sortir mes émotions. Et je ne connaissais qu'une seule façon de faire cela, la meilleure, celle qui fait de moi cette chanteuse fabuleuse que je suis, sans vouloir me vanter : le chant. Je sais que j'ai le talent nécessaire, je l'ai toujours eut, et ma condition de vampire n'a en rien changer cela. C'est pour cela que je vis maintenant, pour le chant, mon rêve d'enfant, celui que mes parents voulaient me voir réaliser et peut-être pourrais-je retourner à New York et devenir une grande star de Broadway, j'en ai la capacité et quitte à devoir passer une éternité en vie, autant réaliser mon rêve au moins une fois... disons jusqu'à ce que je n'ai plus d'autre choix que de partir parce que... maintenant tout est foutu, je suis condamnée à devoir arrêter un jour ou l'autre... même si cela ne m'empêchera pas de continuer de chanter, même si ce n'est pas sur une scène, à ma vrai place. Je commençais alors à chanter Papa, can you hear me ? de la très célèbre et talentueuse Barbra Streisand, mon idole, celle qui m'avait donné le goût du chant, celle avec qui on me comparait souvent, autant de par mon nez que de par ma voix. Par cette chanson, je laissais passer toutes les émotions que je ressentais, la douleur, la tristesse, le chagrin, la déprime, le désespoir. Je chantais de tout mon coeur et de toute mon âme, si tenté que j'en ai encore une, et je fini la chanson, les larmes aux yeux. Je repris mon souffle et m'assit contre un arbre, reprenant mon visage impassible lorsque toutefois, j'entendis des bruits de pas... Je me relevais simplement et dis d'un ton parfaitement calme :
-Qui est là ?
Je n'avais pas peur, ne vous méprenez pas. Bien au contraire. Qui que se soit, je pourrais me défendre. Et si il s'avérait que je ne pourrais pas, alors qu'importe. Si cette personne me tuais, je lui en serais des plus reconnaissante.